A propos, le confinement, il commence quand ?

Et non, je ne suis pas confiné. Dur de faire ce que je fais en télétravail…

24 kilomètres pour aller bosser. Départ à 18.15 heures, pour y être à 18.45 hrs.

Jusqu’à l’autoroute, 10 kilomètres à travers champs, vertes campagnes et un riant petit village. 38 véhicules croisés… (croisés, suivis, ou simplement aperçus en mouvement, et ceci sans compter les camions, les fourgonnettes ou les tracteurs qui, eux, visiblement, bossent).

Sur les 8000 mètres d’autoroute, le chiffre monte à 123.

Encore 6 bornes entre la sortie de l’autoroute et le centre de la petite ville bourgeoise qui accueille le centre de mes activités.

Score final ? 168 bagnoles croisées. Cent soixante-huit ! En 25 minutes….

Soit à peine moins qu’un soir normal, en ces temps ou seule une vilaine grippe, une sale angine et le sacro-saint Burn-Out vidait les effectifs de nos glorieuses entreprises.

Si on peut raisonnablement considérer, à la grosse louche, que la moitié des ces usagers vont ou reviennent du boulot….Que font les autres ? Où allez-vous, bande de cons ? D’où revenez-vous ? Qu’est ce que vous ne comprenez pas dans la notion de « confinement » ? (Y’a qu’un mot, faut-il que vous soyez vraiment abrutis …)

TOUS justifient cependant d’une bonne raison pour aller se balader. Sauf que ces raisons ne font pas partie de celles prévues et autorisées par le gouvernement. Je sais de quoi je parle, je suis payé pour leur expliquer qu’ils ont tort…

Et si vous voulez mon avis, faudra passer le cap des 150.000 morts pour que les gens comprennent…. mais ce n’est que mon avis.

 

 

Les vagabonds

Article écrit en novembre 2006 par votre serviteur, sur un forum aujourd’hui disparu.

L’histoire prend place un matin de printemps, dans une verte contrée encore frileusement blottie sous la brume de l‘aube, et qui n’attend que les premières lueurs du soleil pour s’étirer mollement sous les rayons bienfaiteurs. Pas de bol, ça se passe en Belgique, et le soleil ne se montrera pas avant encore deux mois. En attendant, gèle, paye ton mazout et garde le sourire : l’été sera pire !
Il pleut donc. Finement, insidieusement. On ne peut même pas appeler ça pleuvoir d’ailleurs… c’est plutôt l’humidité de l’air qui fait son jogging.
Une route asphaltée luit sous les gouttelettes. Il fait froid.
La tranquillité ambiante n’est troublée que par le doux frisottis de l’eau, sur le lac, et parfois par le cri narquois d’un col-vert, stupide bestiaux régalé par ce temps pourri.

Le long de la route, remontant doucement la côte qui quitte le village, chemine un homme. A petits pas, mesurés, comme s’ils devaient être suivis par des millions d’autres.
Cet homme est gris. Uniformément gris : pantalon, veste, visage, et cheveux. Même ses yeux sont gris, vidés de toute étincelle de couleur ou de vie,… absents.
En y regardant de plus prêt, le doute s’efface : il s’agit effectivement d’un SDF, d’un clochard, d’un va-nu-pieds. Et pas n’importe lequel messeigneurs : un vrai ! Avec baluchon gris comme le reste, poches trouées, estomac vide et tout et tout. Son sens du détail a même été jusqu’à ce bidon de lessive vide qui lui sert de gourde, lorsqu’il trouve une source, et qui pend à une ficelle, sur son épaule.
Un vagabond quoi, directement issu du Moyen Age (ou d’une usine du Borinage, plus probablement).
Au loin, le bruit mélodieux d’un moteur diesel se fait entendre, fermant leur bec aux cols-verts.
Il arrive dans le dos de l’homme, qui ne se retourne pas.
Dans les yeux des deux hommes qui arrivent à bord de ce véhicule confortablement chauffé, l’ahuri au bord du chemin représente le Suspect, l’Etranger, le sale type. Forcément, c’est leur métier !
Et ça ne rate pas :
-Bonjour monsieur, Police, ‘opapiersiouplai !

Toujours pas une étincelle dans les yeux de l’homme, qui dépose son barda à même la rosée et qui tend à l’agent une carte usée, sale, déchirée. Il n’y a plus guère de ressemblance entre la photo du jeune homme, sur la carte, et le débris d’être humain qui se tient devant eux.
Le dispatching crache sa réponse à la radio « inconnu ». Personne donc ne le recherche: ni les autorités judiciaires, ni sa famille. Personne (si ce n’est, sûrement, un huissier quelconque, aux confins du pays).

Une ébauche de conversation s’engage, encore soupçonneuse de la part des pandores. Il apprend qu’il a dormi dans un grange, qu’il n’a plus de famille et qu’il parcourt le pays, sans but réel. Qu’il a fait des conneries aussi, « mais c’était il y a longtemps, hein m’sieur l’agent ». Il ne veut pas d’aide, refuse la cigarette tendue, ne veut pas être déposé dans une gare ni autre part.
Les policiers s’éloignent, prêts à remonter dans ce combi bien chauffé. Mais le regard du convoyeur s’attarde sur les chaussures du vagabond. Elles sont à son image : fines, sales, trouées. Il ne porte pas de chaussettes. Un orteil pointe.
« On n’est pas des sauvages quand même » pense le digne représentant de la Loi et de l‘Ordre.  « Combien chaussez vous ? » 42 répond-il. Et ce policier propose à l’homme de les accompagner vers son propre domicile, à quelques kilomètres. Il y a là une paire de bottines quasi neuves, portées deux ou trois semaines, à l’instruction. De solides bottines militaires, épaisses et résistantes. Le policier pense y glisser une grosse paire de chaussettes en laine, chaudes et confortables.
A cet instant, les yeux de l’homme s’allument. Elle y est, maintenant, cette petite étincelle de couleur qu’on n’y espérait plus !
L’homme ne veut pas déranger, s’excuse (quel comble !) remercie d’avance, monte à l’arrière du combi : l’affaire est entendue .
Mais subitement, sans aucune raison apparente, l’homme se désiste. Il refuse, veut sortir, ne veut pas d’ennuis.  » Vous êtes sûr ? C’est de bon cœur « . Mais l’homme ne veut pas. Il remercie encore mais semble pressé, remonte son baluchon sur l’épaule, attrape son bidon en plastique et reprend son chemin. Avec un signe de la main, quand même. Mais ses yeux sont redevenus gris.

Je n’ai jamais compris ce qui a empêché cet homme d’accepter mes chaussures. Peut être avait-il peur qu’on l’accuse de les avoir volées. Ou pensait-il à un piège pour l’emmener en gayolle ?
Je ne sais pas. Je continue pourtant à me demander quel système merdeux et pourri peut laminer ainsi un homme, au point qu’il refuse toute main tendue.

J’ai vieilli ce jour là …

Hier, 08 février 2019, je l’ai recroisé. Pas lui bien sûr, mais un de ses coreligionnaire. Celui-ci n’était pas gris, mais noir. Haute silhouette fripée engoncée dans une longue gabardine miteuse, pantalon indéfinissable, bandana noué sur la capuche d’un pull, autour des oreilles, barbe crasseuse et sac à dos dégueulasse. Il cheminait lui aussi, au même rythme lent d’un pas par seconde. J’étais en route pour l’école et l’avais déjà dépassé d’une bonne vingtaine de mètres lorsque je me suis rendu compte de qui il était.

Sur mon chemin retour, après avoir embarqué le gamin, il n’avait progressé que de deux p’tits kilomètres et fumait une roulée dans une aubette de bus, posé sur le banc, étendant ses longues jambes probablement fatiguées. J’ai stoppé à sa hauteur.

  • Bonjour m’sieur ? ça roule ? tout va bien ?

Un petit signe de la main, pouce levé. Une minuscule ébauche de sourire. 

Je n’ai sur moi qu’un paquet de clopes, dans lequel il n’en manque qu’une. Je le lui propose mais il le refuse, bien entendu.

Alors je me suis mis à sa place et j’ai compris. J’ai compris pourquoi ils n’acceptent ni mes clopes, ni mes bottines. 

Ils veulent qu’on leur foute la paix, tout simplement. Ni plus, ni moins.

Etant moi même très attaché au fait qu’on me foute la paix, je n’ai pas insisté.

J’ai passé une excellente journée, hier. 

Pan, dans ton cul !

Vous en rêvez n’est-ce pas ? Même si on ne s’engage pas dans la Police pour en faire usage, l’arme individuelle titille l’imaginaire, alimente les fantasmes et fait vibrer les glandes œstrogènes de celui qui la porte. Dites le contraire et vous êtes un menteur.

Ma première sortie armée, je m’en souviens comme si c’était hier… en 1998 (putain… 20 ans !)
« Monsieur Maïcool, vous avez été désigné par le conseil communal comme agent de police stagiaire et avez dés à présent le droit et le devoir de porter un étui réglementairement rempli par un revolver Smith&Wesson 38 Spécial chromé, garni de ses six rutilantes cartouches du même calibre, que vous accompagnerez d’un bâton de police rigide de 60 cm, et de deux speedloaders contenant douze cartouches supplémentaires. Notez que pour le spray au CS, faudra attendre: on n’a pas le budget »
Putain, c’que j’étais fier ! tout ça pour aller chasser une biche dangereusement égarée sur la voie rapide…
Me souviens avoir été passablement emmerdé par cette matraque qui valdinguait entre mes genoux pendant la course… question d’habitude.
Il y eu d’autres sorties avec monsieur Smith et même s’il sortit de son étui quelques fois, il n’aboya jamais qu’au stand de tir.

L’époque étant aux braquages de fourgons transporteurs de fonds, des Bureaux de Poste, des agences de mutuelles et des facteurs à vélo (oui, à l’époque, les facteurs se baladaient encore à vélo, et avec des liasses de gros billets destinés aux pensionnés qui ne faisaient pas confiance aux banques,… hum … ces naïfs,…. hum,hum…bref…), la riposte était organisée en ce sens : dans le véhicule de patrouille sommeillait un Riot-Gun de chez monsieur et madame Remington, garni en premier tir d’une monstrueuse cartouche 12 mm Brenneke, destinée à faire passer de vie à trépas n’importe quel moteur de bagnole d’époque ( ou, au choix, destinée à transformer en brume rose l’abdomen ou la caboche d’un quelconque malandrin vindicatif… le truc qui en plus de pulvériser ton opposant, te déglinguait l’épaule, en passant). Au coffre du poste de police dormait aussi une carabine modèle 750 Police de Monsieur Dekaize, une saloperie impressionnante pour l’époque, mais qui s’enrayait tous les 4 coups. Raison pour laquelle elle coulait des jours heureux au coffre.
Et puis on me dota d’un FN GP 9 mm, dont je ne fis usage également qu’à l’entrainement. Il traîne maintenant dans ma garde robe, démonté en trois parties, parce que j’ai quatre enfants.

Ces outils (paske oui, ce sont des outils, au même titre que le Bic, le podomètre ou l’éthylotest) n’ont jamais, dans mes mains, servi qu’à menacer l’un ou l’autre malfaisant un brin belliqueux ou menaçant. Sans jamais que les quelques millimètres de course sur la détente qui séparent la mort du malfaisant de la tienne ne deviennent nécessaires.

Avec le GLOCK 17 qui lui succéda, j’ai découvert le plaisir du tir : léger, maniable, précis… un amour de flingue.
C’est lui qui sorti de sa gaine, une nuit de juin, pour menacer Voleur surpris en plein ouvrage. Et ce même Voleur, peu friand d’incarcération, qui passe la première et fonce sur Eric, qui vient de descendre du combi, face à lui.
PAN ! GLOCK 17 vient d’aboyer dans la nuit, vers la voiture.
PAN ! son cousin vient de lui faire écho, dans la main d’Eric.

Tir instinctif, dans la microseconde : la réflexion instinctive a ceci d’étonnant qu’elle ne souffre d’aucune altération. Collègue menacé ? PAN…. c’est tout. Pas plus, pas moins.
Poursuite, feux bleus et tirlipinpon: monsieur Voleur n’ira pas loin. Faut dire qu’on oppose une Mercedes 240 cv à sa VW Golf pourrie. Il choisit donc bien vite le crash dans les champs et la fuite à pied.
PAN ! Vincent (*) l’a rattrapé et s’est senti menacé par un soudain volte face… et une balle dans l’cul pour monsieur Voleur !
Plaquages, menottes… monsieur Voleur ira quand même en prison (après l’hôpital).
Voleur se plaint qu’il a mal, qu’il a pris une balle.
Vince et moi on se regarde: il est livide… il réalise qu’il vient de tirer sur un mec, et qu’il l’a touché…

Dans l’ordre : Ambulance, Police Judiciaire Fédérale, Procureur du Roi, Commissaire Divisionnaire, Juge d’instruction, expert balistique et tout le saint tremblement… Avec l’Inspecteur de garde du Labo qui sonne sur le portable de service alors que t’es occupé à menotter Monsieur Voleur … « rappelle dans deux minutes mec: là, on est occupés ».
Nos trois tirs étaient justifiés et ont été considérés comme tels. Le mien dans le siège passager, celui d’Eric dans le haillon arrière et celui de Vincent dans la fesse droite de Voleur. Pas de poursuites à notre encontre.
Mais il reste que nous avons tiré sur un mec, avec l’intention de le buter. Chose que vous ne pouvez pas appréhender lorsqu’on vous remet monsieur Smith, 13 ans auparavant.
Eric, Vincent et moi le vivons bien (**)
Mais une fois m’a suffit.

 

(*) mon chauffeur cette nuit là, qui court plus vite que moi… pas’que je fume décidément trop.

(**) Je n’ai pas la moindre idée de la façon dont Monsieur Voleur le vit. Et je n’en ai absolument rien à foutre.

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Même si ce blog n’étais pas destiné, à l’origine, à étaler mes états d’âme de poulet, une autre fois, je te raconterais un truc qui a été bien moins vécu, paske la mort était au bout d’un canon. Ou encore cette fois où j’ai rangé l’HK-UMP, tellement gêné que j’étais d’exhiber un pistolet-mitrailleur dans un lieu qui ne s’y prêtait pas… mais ça, c’est si t’es sage.

Sur ce, dors bien : où que tu sois en Europe ou dans le monde occidental industrialisé, il y a, en ce moment, quelque soit l’heure à laquelle tu lis ceci, des flics qui veillent à ta sécurité. Deux mecs dans une bagnole sérigraphiée, avec une chemise d’uniforme en mauvais nylon qui gratte, un ceinturon qui pèse douze kilos et un gilet pare-balle qui fait sauna portatif. Pense à eux et remercie les, avant de t’endormir. Merci pour eux.

C’est l’été

Sisi, regarde par ta fenêtre, (si t’en as une), lève le nez de l’ordi (si t’es un vieux con) ou du smartphone (si t’es un jeune con) : C’est l’Été, bordel de merde : un vrai, avec du soleil, de la chaleur, des barbecues et du rosé, des plongeons dans la piscine et des siestes sur le transat ! Des batailles avec les flingues à eau qui ont dormi à la cave pendant 10 mois, des nuits sous la tente (laquelle a dormi à côté desdits flingues), des soirées sur la terrasses, la bouteille d’Entre-Deux-Mers qui clapote dans le seau à glace, et le sorbet à la fraise qui frétille d’impatience au congélo.

Alors oui, c’est l’été : moi qui ne suis déjà pas très prolifique, je vais te faire poireauter, ami lecteur, jusqu’à ce qu’il soit fini, et que je sois revenu de mon escapade annuelle et bienfaitrice dans les montagnes du bout d’la France.

Et n’en déplaise à une quelconque connasse parisienne, moi la chaleur et l’été, j’aime ça…. et je vais pas m’en priver !

(D’ailleurs, si j’étais pas un sale flemmard, t’aurai vu, ici, un gif d’un mec qui danse au soleil… mais bon…. j’ai la flemme, et l’Entre-Deux-Mers se réchauffe)

My name is Eckté, Khon Eckté.

objet-connecte-guide

Je dors encore. Mais certains événements calqués sur ma journée à venir se sont déjà déclenchés : une voiture autonome est en route pour être à ma porte à une heure déterminée, l’arrosage automatique s’arrête pour que l’allée soit sèche lorsque je l’emprunterai et le chauffage augmente doucement pour atteindre la température optimale pour un réveil en douceur.

07 heures, 03 minutes, 22 secondes et 43 centièmes. La lumière tamisée s’allume doucement, graduellement.  Dans 02 minutes, 06 secondes et 22 centièmes, le réveil diffusera Perfect day, par Lou Reed. Il a déterminé que c’est cette chanson qui était adaptée, vu mon rythme cardiaque et celui de ma respiration, ma température corporelle et la qualité de mon sommeil, toutes ces mesures collectées par mon lit durant toute la nuit. L’heure exacte de ce réveil optimal a été déterminée par le processeur central de la maison, tenant compte des données précédentes et de mon agenda. Il  sait qu’une réunion m’attend au boulot à 08 heures 17 minutes, que le trafic est fluide, la météo clémente et que le trajet durera 19 minutes, 26 secondes et 32 centièmes. Il a donc programmé le robot ménager pour qu’il débute la préparation du petit déjeuner à l’instant précis où je sors du lit. Simultanément, la douche commence à déverser une eau à 38,73°. Elle entamera son auto-nettoyage lorsque je la quitterai.

La garde-robe, bien informé elle aussi de cette réunion matinale, a disposé sur un valet mes sous vêtements, un complet bleu, une chemise grise et une cravate assortie, dont elle a préparé le nœud. Mes souliers, lustrés par la cireuse intégrée, sont prêts à côté.

Le petit déjeuner, parfaitement adaptés à mes besoins nutritionnels de la matinée a été préparé en fonction de la dépense calorique à fournir jusqu’au prochain repas. Sa composition est transmise au processeur central du restaurant d’entreprise, pour que mon repas de midi lui soit complémentaire. Le frigo ajoute lui même les produits consommés ce matin à sa commande quotidienne. Le tout sera livré dans la journée, par un drone programmé à cet effet.

Ma montre émet un léger frémissement, m’annonçant que la voiture est à 20 secondes de la maison. Je sors et descend l’allée, la porte se verrouillant automatiquement derrière moi, et je prend place dans le véhicule autonome. Sa voix féminine me souhaite la bienvenue et un agréable voyage, et commence à me lire mes mails. Le large écran central affiche les actualités relatives à mes centres d’intérêts, tandis que le paysage défile. Mais je ne le vois pas : un arbre est tombé sur la voie et une unité autonome automatisée est déjà occupée à le débiter. Mon véhicule sait que cet incident pourrait me distraire alors qu’il me lit un compte rendu de la vidéo conférence d’hier, alors il a décidé d’assombrir graduellement les vitres. Je ne me rends même pas compte de la décélération, tant elle est graduelle et maîtrisée.

L’arrivée devant l’immense building vitré qui accueille mon entreprise se fait à l’heure prévue, malgré le léger retard provoqué par la chute de l’arbre. Le CART, Centre Automatisé de Régulation du Trafic, a adapté les vitesses de tous les véhicules des environs, pour absorber cette gène passagère.

Les portes vitrées s’ouvrent largement tandis que l’humanoïde d’accueil me souhaite la bienvenue, après avoir scanné ma rétine à distance.

L’ascenseur m’a lui aussi identifié et m’emmène à mon étage sans que j’aie besoin de le lui indiquer. Mon assistant personnel déverrouille mon bureau à mon approche, allume l’éclairage et les larges écrans tactiles qui constituent mes tables de travail.

C’est à cet instant que le drame se produit : mon fauteuil pivotant ne pivote pas lorsque je m’approche. Le mécanisme est-il coincé ? dysfonctionnement du système de reconnaissance ? panne informatique ? Je ne le saurai jamais : terrassé par cet événement imprévu, mon cerveau, habitué à ronronner doucement sans qu’il ait trop d’effort à fournir, n’a pas supporté. Il n’a pas ordonné à ma main de se poser sur ce foutu fauteuil et de le faire pivoter moi même. Il ne m’a pas dit de bouger mon gros cul et de prendre cette décision de me passer du confort de l’assistanat. Il ne m’a pas proposé de m’asseoir par terre, d’appeler moi même la maintenance ou de foutre un vigoureux coup de pied à ce fauteuil de merde pour le réparer à la bonne vieille méthode.

Non, il a provoqué un spasme musculaire dans un muscle de mon cou, ce qui a débloqué ce petit caillot de sang qui se formait discrètement dans ma carothide. Lequel, acheminé jusqu’à lui, a provoqué cet AVC fatal et fulgurant. Mon cerveau s’est suicidé… mais peut-être finalement, qu’il était déjà un peu mort.

J’exagère ? oui sans doute un chouïa.

Mais après tout, ce n’est que mon avis.

 

Apocalypse Snow

Aujourd’hui, dans ma grande bonté, je vais dévoiler sous vos petits yeux chafouins et ébahis un autre de mes talents. Aujourd’hui, je vais vous décrire ce qui adviendra dans un futur très proche. Eh oui m’sieurs dames : je prédis l’avenir. Rien que ça. J’te jure.

Pour l’instant tout est calme. Ciel dégagé, températures froides, mais bien de saison. Circulation fluide, écoliers à l’école, bouloteurs au boulot, chômeurs au bistrot, taux de cholestérol stable, compte en banque garni (mais pas trop : on est déjà le 9, quand même…), bref : tout roule.

Dans quelques heures pourtant, le pays sera dévasté par une invasion. Ça arrive par le nord, lentement mais sûrement. Les plages sont touchées en ce moment même, la côte est déjà presque totalement envahie. C’est une armée. Disciplinée, méthodique, bien entraînée. Ses soldats sont anonymes, ils sont légions, rien ne les distingue les uns des autres, ou si peu. Silencieux pourtant, malgré le nombre. Ils se fixent l’un contre l’autre, consolidant ainsi leurs positions. Ils usent de leur nombre pour entraver les infrastructures, bloquer la circulation, prendre le contrôle de nos villes, paralyser nos campagnes. Rien ne peut les stopper. Une dérisoire défense chimique sera bien mise en place, bien sûr. Mais elle ne fera que retarder, un peu, l’inexorable.

Terroristes barbus ? extra-terrestres farceurs ? criquets affamés ? ministres wallons en quête de nouvelles taxes ? Rien de tout ça, hélas. Ce jourd’hui, le fier royaume de Belgique subi de plein fouet une attaque menée à l’aide d’une arme d’obstruction massive. Vous l’aurez deviné : ce jourd’hui, il neige. Et c’est joli, la neige.

neige sale

Sisi, c’est joli, ne niez-pas.

Mais comme à chaque fois, ces quelques centimètres de flotte congelée en haute altitude vont se répandre partout sans demander votre permission. Comme d’habitude, quelques camions en ciseaux suffiront à bloquer plusieurs centaines de kilomètres d’autoroute. Par la même, les engins de salage (les moyens chimiques dont je parlais plus haut, si t’avais pas compris) seront eux aussi immobilisés,  aggravant ainsi une situation déjà chaotique. Les malheureux automobilistes, incapables de maîtriser leurs trajectoires, finiront, qui dans une congère, qui dans la portière du précédent. Un accident d’auto signifiant pour le commun des mortels un avant-goût de l’Apocalypse, ils ne penseront pas à bouger leur tas de tôle, mais s’empresseront avec entrain de maudire la neige, l’incurie des pouvoirs publics, ce connard d’assureur et sa saloperie de franchise, Dieu et tous ses Saints, et surtout ces abrutis de constructeurs qui fournissent des pneus neige qui glissent sur la neige ! (ce scandale…). Ainsi, laissant leur rutilante bagnole ruinée au milieu du jeu de quille, ils encombreront d’avantage encore les embouteillages, qui n’en demandaient pourtant pas tant.

Les malins qui auront pensé à prendre le train n’y échapperont pas non plus. Comme chacun sait, une locomotive de trouzemille chevaux, ça se laisse bloquer comme une conne par trois centimètres de poudreuse. La preuve :

train neige

Bien entendu, le corollaire indissociable de cette invasion floconneuse, c’est le traitement médiatique y associé. Puisque chacun sait que la majorité de la population est constituée d’aveugles, de mecs qui n’ont pas pensé à mettre des fenêtres à leur maison ou qui vivent dans une cave, un simple constat pouvant pourtant se résumer à « Hé, t’as vu ? il neige ! » sera traité par toutes les chaines nationales en multiples sujets. Sans déconner ?

Donc, puisque je vous fais l’honneur de prédire ce qui va vous arrivez, faites comme moi : prenez les devants ! N’allez pas bosser. Si vous êtes déjà à l’usine, fuyez ! les routes sont encore libres. Vous aurez ainsi le loisir d’apprécier un mug de vin chaud au coin de l’âtre, ce con de chat sur les genoux, en contemplant la dégringolade des flocons sur le monde. Si vous êtes aussi cynique que moi, vous aurez alors une pensée émue pour tous les blaireaux coincés dans ce désastre. Et vous vous direz : « Bien fait, t’étais prévenu« .

 

Tournée générale

Dans le couloir désert, seul le tic-tic incessant d’un néon qui peine à s’allumer meuble le silence. La sortie de secours n’est qu’à quelques dizaines de mètres et avec elle, le salut. Mais pour l’atteindre, Jean-René doit encore déplacer le plus silencieusement possible un chariot de soin abandonné devant la chambre 412. Et surtout, passer devant la salle des infirmières. Il sait que si une seule d’entre elles le voit, il est foutu. Jusqu’ici, il a réussi à échapper à ses poursuivants : par la parfaite connaissance de cet hôpital où il est radiologue depuis douze ans, il a pu fuir la cafétéria du personnel en passant par la réserve. Traversant en trombe le service de gériatrie et évitant de justesse un agent de sécurité qui tentait de lui barrer le passage, il s’est ensuite caché quelques instants dans un local technique, laissant passer la horde à ses trousses. Obligeant son souffle à reprendre un rythme normal et se forçant au calme, il évalue que sa seule voie de fuite est la sortie de secours du quatrième étage. La seule qui permet d’accéder au toit du laboratoire. De là, en sautant sur le container des poubelles, il sera au parking. Où l’attend son Audi. Jouable, se dit-il. Prenant une profonde inspiration, il quitte sa cachette. Le chariot glisse doucement sur ses roues caoutchoutées, sans un bruit. Jean-René colle sa grande carcasse contre le mur et ose un œil inquiet par la vitre du local infirmier. Il aperçoit Mathilde, une jeune stagiaire, penchée sur des résultats d’analyse. Fait-elle partie du Groupe ? Il ne sait plus. Ils sont 231 et il ne les connait pas tous. Il joue donc le tout pour le tout et décide de passer devant cette vitre le plus calmement possible. A mi-chemin pourtant, il ose un regard en coin. Mathilde relève la tête, l’aperçoit. IL EST LÀ, CHOPPEZ-LE ! hurle d’elle, de la rage dans les yeux. Pas de doute… elle en fait partie.

Durant cet échange de regard avec Mathilde, qui ne dure pourtant que demi seconde, Jean-René revoit tout ce qui a déclenché tout ça. D’abord cette proposition anodine du docteur Fresnay, chef de l’équipe de stomatologie, et l’engouement immédiat d’une bonne partie du personnel. 231 participants ! La bonne cause, les conseils des uns et des autres, les encouragements, l’ambiance bon enfant : il n’avait pas longtemps hésité à les rejoindre. Sans anicroche durant les vingt et un premiers jours.

Mais hier, tout avait basculé. Hier, Jean-René avait revu son vieux pote François, copain de fac et des années de débauche. Ils avaient pris un verre à la terrasse chauffée d’une taverne à la mode. Et sans réfléchir, Jean-René avait posté un selfie, verre de Chimay bleue à la main… Tout avait été très vite ensuite : dans les commentaires de la page du Groupe, traître et pourri étaient les insultes les plus fréquentes. Et ça avait duré toute la nuit. Ce matin en arrivant au vestiaire, un mot l’attendait sur son casier : RDV cantine !!! Il n’y était pas resté longtemps : il avait tout de suite compris qu’aucune excuse, aucune explication ne serait recevable. Alors, il avait fui.

On ne déçoit pas impunément un groupe formé pour participer à …

La tournée minérale !

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Et oui ami lecteur, cette année encore, le fier royaume de Belgique (même si certains prétendent qu’il n’existe pas) verra s’organiser un  marathon bien pensant, une diète forcée, un carême aquatique. Un mois sans alcool, organisé et encouragé par la Ligue contre le Cancer, sponsorisé par une grande marque d’eau minérale, une grande banque et quelques clubs de sport. Quelle magnifique intention, quel noble but !

Et tu verras encore cette année tes collègues et tes amis te proposer de les rejoindre dans cette course salutaire, cette détoxification salvatrice. Ils te proposeront chacun (même ceux qui t’adressent la parole deux fois l’an) de rejoindre LEUR groupe, « pask’eux, ils sont hypra-motivés, qu’ils ont même convaincu Raymond Minet, de la compta, qui est pourtant connu comme un ivrogne patenté, et aussi la réceptionniste, Diane, surnommée « l’éponge » et gnagnagni gnagnagna ». Devant ton air hésitant, ils prendront leur air réprobateur : « c’est contre le cancer, tu sais, et ça ne peut te faire que du bien, et t’es qu’un lâcheur égoïste ». Tu auras beau répondre que le saucisson de l’apéro n’a pas le même goût lorsqu’il est arrosé d’un verre de mocktail (*), fut-il au sureau, à la mimolette ou au hareng saur, que le Sauvignon de Touraine doit se boire jeune, que peu t’importe que Minet râle, que tu participes à l’effort national en vidant les stocks de Jupiler ou de Bertinchamps, que Diane est enceinte, et que finalement non, tu ne peux pas, t’as un Pokémon à chopper : rien n’y fait, tu seras catalogué comme un pisse-froid, un rabat-joie aigri, voire même un alcoolo honteux.

Je connais les dangers de l’abus d’alcool (sisi, j’vous jure) et si toi, ami lecteur, tu ne les connais pas, le site de l’action décrit en long, en large et en travers les avantages de l’abstinence. Puisque tu supportes sans peine le fait d’être tutoyé sur internet (la preuve : tu m’as lu jusqu’ici), et si tu aimes qu’on t’explique les choses comme à un merdeux de huit ans, va donc te rendre compte par toi même.

Car si certains sont prêts à se laisser dépouiller de tout, femme, gosses, frigidaire et canapé compris, pourvu qu’on leur laisser leur liberté de penser (en mettant ça en chanson quand même, histoire de remplacer le frigo et le canapé), votre serviteur exige bien plus. Il exige la liberté de picoler comme un âne, ou de rester sobre s’il en a envie, la liberté de bousiller sa santé ou de l’entretenir, celle de parler de lui à la troisième personne (merci), le droit de ne pas rejoindre le moindre mouvement « trop-cool-trop-sympa » sous prétexte que « tout l’monde le fait », et surtout le droit qu’on lui foute la paix : il restera pareil en mars qu’en janvier, même s’il consacre chaque jour de février à visiter les brasseries, à fréquenter les bars un peu glauques (et les rades un peu crades) et à finir les stocks de cava qui restent du réveillon.

J’aimerai conclure en citant un proverbe de mon cru : « En mai, fais ce qui te plait. Les autres mois de l’année, fais pareil »

Mais ça, ce n’est que mon avis…

 

(*) Mocktail… même le mot à l’air dégueulasse…

 

Premier avis

Dans 10 ans, mon lectorat lira ceci en pensant « c’est ici que tout a commencé » : faut pas que je me vautre sur ce premier article.

Ce beau matin d’hiver, de larges pans de ciel bleu encadrent un soleil pâle. Un légère brise sud-sud-ouest caresse la campagne engourdie et les lourds sillons hesbignons fument encore de la rosée de l’aurore. Pourtant, au loin, presqu’invisibles encore, le ciel se charge de lourds nuages noirs. Ceci à la fois pour vous filer un début poétique et vous signaler que je bosse devant la fenêtre.

« Flûte alors, encore un billet sur la météo » vous dites-vous (vous ais-je déjà dit que je lis dans vos pensées ? non ? voilà, c’est dit). Détrompez-vous. Même si j’aurai aimé disserter sur l’évolution des cumulo-nimbus ou le développement des dépression subtropicales, il y a malheureusement des sujets plus graves.

En  effet : un ministre wallon, lequel a dans ses attributions, excusez du peu, « l’environnement, la transition écologique, l’aménagement du territoire, les travaux publics, la mobilité, les transports, le bien-être animal et les zonings » (oui, tout ça), ce ministre donc, propose de transformer en agents sanctionnateurs certains citoyens qui organisent déjà bénévolement la surveillance de leur propre quartier. C’est dire des retraités qui n’ont que ça à foutre ou des chômeurs qui n’ont pas la télé. A charge pour eux de traquer les terribles incivilités telles que sortir son sac poubelle deux jours avant la collecte, jeter ses déchets dans nos verts pâturages, écraser son mégot sur un banc public (saloperie de fumeurs) ou jeter le fruit de la vidange de la Corolla dans le collecteur d’égouts. Ils pourraient donc faire infliger des amendes à leurs indélicats voisins. Et, cerise sur le poteau (d’exécution), ils seraient rémunérés pour ce faire ! Une misère, mais rémunérés quand même.

« Magnifique ! traquons ces vils pollueurs, sauvons cette planète que nous empruntons à nos enfants, portons au pilori ces infâmes profanateurs, qui viennent jusque dans nos bras égorger nos-fils-nos-compagnes-tatatsoin «  vous dites -vous (vous ais-je déjà dit que je lis dans… ah oui, déjà dit). Et vous avez raison ! En effet, de nos jours, ne tentez pas de vous débarrasser de votre canette vide autre part que dans le sac PMC ou de jeter la pile usagée de votre godemiché (oui, celui que vous cachez sous une paire de draps dans la commode. Ne niez pas, je vous connais) avec les déchets ménagers. Vous seriez immédiatement condamné à l’opprobre générale, montré du doigt dans la rue ou pire : exclu du club de philatélie de cousin Georges ! Alors, si vous tenez à votre vie sociale, ne déconnez pas avec les déchets.

Bref, si l’intention peu paraître louable, la méthode est pour le moins discutable.

Balancer ses contemporains déviants aux autorités, c’est une désagréable manie qui a toujours existé, mais qui a tendance à se banaliser ces derniers temps. En matière de fraude fiscale notamment. C’est même organisé officiellement, rendez-vous compte. Et comme je vous sens frétiller d’envie à l’idée de vendre votre petit voisin Mathieu, 15 ans, qui tond la pelouse de Madame Duchemolle pour 6 euros de l’heure tous les 15 jours, je vous file le site : ici . Si par contre vous désirez dénoncer le vil comportement du papa de Mathieu, qui un jour a mâté vos grosses cuisses alors que vous portiez cette mini jupe que vos amies trouvent tellement trop choupinette, c’est là. Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir.

Voici donc qu’on propose aux retraités et autres désœuvrés cités plus haut de se joindre aux agents constatateurs déjà existants (aussi appelés stewards urbains, gardiens de la paix ou encore « les mecs en mauve », rapport à leur uniforme), pour faire le même boulot qu’eux mais avec une aumône à la place d’un salaire… mais dites moi, monsieur le ministre, ce ne serait pas de la main d’oeuvre pas chère que vous vous offririez là ? Par hasard ? hein ? A l’heure des économies d’échelle et des restriction de dépenses publiques, on ne peut que vous en féliciter… hum hum…

Le tout avec une « formation » tellement simplifiée qu’elle n’en est pas une, sans vérification sérieuse des antécédents ou des motivations. J’imagine d’ailleurs bien cette brave Mamy Brichart, 62 ans, venir reprocher à Brandon, 20 ans, 1 mètre 90, 110 kilos, d’avoir écrasé sa Marlboro sur un tronc d’arbre. Si elle aime le son mat de phalanges sur son crâne, elle ne va pas être déçue du voyage… A l’inverse, quand Abdul, bodybuilder sans emploi, ira apostropher Mononc’ René qui aura malencontreusement jeté son journal avec les déchets plastiques, il va déguster, le pauvre René.

Comme j’aime les raccourcis faciles autant que la mauvaise foi et qu’au bout de moultes lignes il est grand temps d’atteindre le point Godwin, permettez-moi de faire un parallèle que vous avez sûrement vu venir (car vous êtes des malins, la preuve : vous me lisez).

Encourager, structurer et institutionnaliser la délation, ça c’est fait dans nos contrées, il y a quelques dizaines d’années. C’était organisé gracieusement par nos voisins germaniques et ça a fait fureur, si vous me passez l’expression.

Ainsi, lorsque les zélées brigades de dénonciation d’incivilités seront constituées, complétées par des gardes civiques de réserve, des conseils de surveillance de la communauté, il ne restera qu’à organiser un organe central de gestion de tout ce bordel. Je propose qu’on appelle ça GEndarmerie STAtutaire Pour l’Ordre. En reprenant les premières lettres, y’a même moyen de faire un joli acronyme.

Vous les voyez poindre maintenant, les lourds nuages noirs ? En tendant l’oreille, on entend même un léger bruit. Cadencé, puissant. Celui de milliers de bottes.

Facile n’est-ce pas ? Sauf qu’ici, cette (brillante) analyse et cette (non moins brillante) démonstration ne tiennent pas la route. Le parallèle est trop facile, il est même éculé. Délation ne rime pas forcément avec fascisme, dénonciation n’est pas l’apanage des régimes totalitaires. La preuve ? Ce point Godwin justement, qui prouve bien que même les contradicteurs à court d’arguments n’ont pas oublié l’hystérique moustachu.

« Alors qu’est ce donc ? » me direz-vous, car vous êtes des curieux. C’est tout simplement de la connerie, du clientélisme saupoudré de démagogie et qui surfe sur l’air du temps. Car faire participer les citoyens à leur propre sécurité, c’est un peu comme leur demander d’aller désherber les champs de patates, au prétexte qu’ils participeront ainsi à leur alimentation. En oubliant un peu vite que la sécurité est un métier à part entière, qu’il est déjà exercé par quantité de professionnels (mal payés) et qu’il n’y a plus de mauvaises herbes dans les champs depuis qu’ils sont bourrés de pesticides.

Ainsi, pour conclure, j’aimerai demander à Monsieur le Ministre de foutre la paix à ses concitoyens et de leur laisser le droit qui devrait les préoccuper tous : le droit de se mêler de leurs oignons. Mais ça, ce n’est que mon avis.

J’ai un avis

Les avis, c’est comme les trous du cul : tout le monde en a un. Donc j’en ai un.

(J’ai même les deux, soit dit en passant)

Et comme vous ne me l’avez pas demandé mais que je suis un mec généreux, je vais vous le donner quand même. Vous en ferez bien entendu ce que vous voulez. Car c’est ça qu’est bien avec les avis : on peut en faire ce qu’on veut. Principalement s’en foutre, d’ailleurs. Ou l’adopter, le contredire, argumenter, … ce sera à vous de voir.

Je vous livrerai mon avis sur tout (et surtout sur n’importe quoi), puisque c’est moi qui choisis.

Comme, en plus d’avoir une estime de moi surdimensionnée, je sais faire preuve d’une énorme mauvaise foi, ça promet.

Alors, let’s roll, comme disent les rosbeefs !

Premier avis:

A mon avis, j’ai déjà bien bossé : la suite dans le premier article.